ESPACE UEMOA : La situation au niveau des matières premières

Dans sa dernière note sur la conjoncture économique dans l’espace UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest Africaine), la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) a fait le point de l’évolution des cours des principales matières premières exportées par les pays, sur la période d’avril 2024.

Les prix des principales matières premières exportées par les pays de l’Uemoa ont enregistré un accroissement attribuable aux conditions météorologiques défavorables et aux tensions géopolitiques. Les prix des produits alimentaires importés dans la région ont connu également une hausse, principalement en raison de la diminution de l’offre sur le marché. Les prix des principaux produits de base exportés par les pays de l’Uemoa ont enregistré une hausse, en glissement mensuel, de 17,3% en avril 2024, après une réalisation de +13,2% le mois précédent. Ce renchérissement s’explique par la hausse des cours de certains produits d’origine agricole (cacao : +36,0%, café : +17,9%, huile de palmiste : +8,4%, noix de cajou : 4,0%, huile de palme : +0,6%). Les produits énergétiques connaissent également un rebond, portés par la hausse des prix du gaz naturel (+19,0%) et du pétrole (+5,2%). Au niveau des métaux précieux et des minéraux, les cours de l’or ont connu une forte ascension en avril 2024 (+7,8%) et ceux du zinc (+3,5%) se sont également accrus. Par contre, un recul a été relevé au niveau des prix des fertilisants (phosphate : -11,7%), du bois en grume (-9,3%), des métaux et minéraux (uranium : -0,8%) et des autres matières premières (coton : -9,6%, caoutchouc : -0,7%). La hausse des cours du cacao est due à un approvisionnement insuffisant en lien avec les faibles précipitations et les températures élevées dans les principales régions productrices de la Côte d’Ivoire, tandis que la demande reste soutenue. Les cours du café se sont raffermis eu égard au resserrement de l’offre au Vietnam et aux inquiétudes concernant la prochaine récolte affectée par des conditions chaudes et sèches dans les régions productrices du pays. Les prix des huiles de palme et de palmiste sont portés par la forte demande enregistrée à l’occasion de la fête marquant la fin du Ramadan, combinée à une baisse de la production due aux conditions météorologiques défavorables. Les cours du pétrole ont été soutenus par les tensions géopolitiques et les réductions de l’offre de l’OPEP+. L’escalade du conflit au Moyen-Orient a entraîné une hausse des prix du gaz naturel d’autant plus que la région joue un rôle crucial pour l’approvisionnement mondial, avec 20% du commerce mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) passant par le détroit d’Ormuz. L’accroissement des prix de l’or est principalement attribuable à sa qualité de valeur refuge en période d’incertitudes économique et géopolitique, aux achats accrus effectués par les particuliers, les entreprises et les banques centrales pour diversifier leurs réserves, ainsi qu’à l’anticipation d’un assouplissement monétaire par les grandes banques centrales. La hausse des prix du zinc est principalement due à une diminution de l’offre mondiale, notamment en Chine. En revanche, la baisse des prix du phosphate en avril 2024 est attribuable à plusieurs facteurs, notamment une augmentation de la production de phosphate au cours des derniers mois dans les principaux pays producteurs tels que le Maroc et la Chine, une demande atone, ainsi que les perturbations des chaînes d’approvisionnement entraînant une accumulation des stocks. La baisse des cours du coton est imputable à une vente massive par les spéculateurs de leurs positions sur le marché couplée à l’augmentation des stocks de coton certifiés. Les prix du caoutchouc ont régressé suite à la baisse de la demande de la Chine et des États-Unis. En ce qui concerne le repli des cours de l’uranium, il s’explique par l’augmentation de l’offre sur le marché, en raison de la reprise des activités des mines dans les régions montagneuses des États-Unis. Par rapport à avril 2023, les prix des principaux produits exportés par les pays de l’Uemoa ont augmenté de 69,8%, après un accroissement de 33,9% le mois précédent. La hausse des cours concerne les produits agricoles (cacao : +251,7%, café : +67,9%, caoutchouc : +30,4%, huiles végétales : +9,0%, coton : +3,5% et pétrole : +2,8%), les minéraux (uranium : +70,7%) et les métaux précieux (or : +16,5%). En revanche, les prix du bois en grume (-27,2%), du gaz naturel (-22,7%), des fertilisants (phosphate : -14,4%) et du zinc (-10,5%) se sont repliés. Les prix des principaux produits alimentaires importés dans l’Uemoa se sont accrus de 0,9% en avril 2024, en variation mensuelle, après un recul de 3,8% un mois auparavant. La hausse concerne le blé (+4,1%) et le riz (+2,4%). En revanche, les prix du lait (-5,4%), du sucre (-5,2%) et de l’huile de soja (-2,6%) se sont repliés. Le renchérissement du blé est lié aux tensions en mer Noire et aux conditions météorologiques défavorables en Europe avec un excès d’humidité dans le nord et une sécheresse dans le sud. Les prix du riz ont augmenté, en raison des inquiétudes concernant le resserrement des approvisionnements en lien avec la dégradation de la situation atmosphérique dans les principales zones de production et les restrictions à l’exportation de ce produit imposées par l’Inde. En revanche, la baisse des prix du lait s’inscrit dans un contexte marqué par une augmentation de la production laitière en Europe, en Amérique du Nord et en Nouvelle-Zélande. La diminution des cours du sucre s’explique par les perspectives d’accroissement de la production en Inde, en Thaïlande et au Brésil. Le repli des cours de l’huile de soja découle principalement d’une faiblesse de la demande. En effet, l’industrie des biocarburants, qui représente une part importante de la demande d’huile de soja, a affiché une activité moins dynamique. Par rapport à la même période de l’année 2023, les prix des principaux produits alimentaires importés par les pays de l’Uemoa ont reculé de 3,4%, après une baisse de 3,9% le mois précédent. Cette tendance baissière a été imprimée par le repli des cours du sucre (-16,0%), du blé (-15,4%), de l’huile de soja (-14,7%) et du lait (-14,2%). En revanche, le prix du riz (+5,4%) s’est renforcé. Exprimés en franc CFA, les prix des produits alimentaires importés par les pays de l’Uemoa ont progressé de +1,1%, suite à la hausse des prix du riz (+7,0%) et des huiles (+6,3%). La baisse des cours du sucre (-14,2%), du blé (-13,5%) et du lait (-12,3%) a atténué la tendance.

Source : Bceao

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