Dans son dernier rapport semestriel de surveillance des services de paiement adossés, rendu public le 27 janvier 2020, la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) s’est déclarée satisfaite de l’engouement suscité autour des transferts intra-UEMOA via la monnaie électronique.
En effet, sur une base trimestrielle, il ressort qu’à fin mars 2019, les opérations intra-UEMOA ont enregistré une progression de 10,79% en volume et de 29,50% en valeur, soit 2,93 millions de transactions estimées à 156,12 milliards de francs CFA contre 2,41 millions de transferts d’un montant total de 120,56 milliards de francs CFA à fin décembre 2018. Au deuxième trimestre de l’année en cours, 3,03 millions d’opérations évaluées à 143,58 milliards de francs CFA ont été enregistrées. Cette situation s’explique notamment par les effets de la campagne agricole du café-cacao en Côte d’Ivoire ainsi que par l’exploitation de nouveaux corridors bilatéraux de transferts intra-UEMOA et par la diversification de l’offre de services financiers adossés à la monnaie électronique.
À fin juin 2019, l’analyse détaillée des transferts intra-UEMOA en émission et en réception montre que la Côte d’Ivoire demeure le principal émetteur de transferts avec 61,60% de la valeur totale des transactions sous-régionales, tandis que le Burkina Faso se positionne comme le principal récepteur avec 54,28% des transferts. Ainsi, sur la période sous revue, la répartition de la valeur des transferts intra-UEMOA par corridor met en évidence les principaux corridors ci-après qui concentrent plus de 79,47% des opérations. Côte d’Ivoire-Burkina Faso (51,62%) ; Côte d’Ivoire-Mali (17,42%) ; Mali-Burkina Faso (10,43%).
Il est à noter toutefois, la relative faiblesse du niveau des transferts intra-UEMOA via la monnaie électronique au Sénégal qui pourrait s’expliquer par le positionnement de WARI dans le secteur du transfert rapide d’argent au Sénégal. Quoique les nouvelles technologies constituent d’importants moteurs de développement des services financiers numériques et donc, d’inclusion financière, les dirigeants de la BCEAO s’inquiètent des risques qui pourraient survenir.
C’est pour cette raison, ils ont pris soin de faire des recommandations. Il s’agit de la mise en place, sous le leadership de la Direction de la Stabilité Financière, d’un cadre d’échange multidisciplinaire constitué des Directions des Systèmes et Moyens de Paiement, de l’Inclusion Financière et des Systèmes d’Information, en vue d’assurer la veille sur le marché et de mener les réflexions sur l’encadrement des fintech. En relation avec les autres Directions des Services Centraux concernées, les membres de ce groupe seront également chargés d’étudier l’impact des évolutions en cours en matière de moyens et services de paiement innovants sur la stabilité, l’intégrité et l’inclusion financières ainsi que sur l’efficacité de la politique monétaire de l’UEMOA. Sur la base des conclusions des travaux internes ci-dessus mentionnés, une concertation permanente pourrait être entretenue entre le régulateur et les fintech de l’UEMOA dans le but d’une actualisation constante de sa connaissance du marché et d’un encadrement approprié des nouveaux acteurs et des évolutions.