Les prix des principales matières premières exportées par les pays de l’Uemoa ont enregistré un accroissement attribuable aux conditions météorologiques défavorables et aux tensions géopolitiques.
En revanche, les prix des produits alimentaires importés dans la région ont connu une baisse, principalement en raison d’une augmentation de l’offre sur le marché. Les prix des principaux produits de base exportés par les pays de l’Uemoa ont enregistré une hausse, en glissement mensuel, de 13,2% en mars 2024, après une réalisation de +9,4% le mois précédent. Ce renchérissement s’explique par la hausse des cours de certains produits d’origine agricole (cacao : +29,4%, huile de palmiste : +15,7%, huile de palme : +9,7%, café : +7,1%, caoutchouc : +3,5% et coton : +0,7%). Les produits énergétiques connaissent également un rebond, portés par la hausse des prix du pétrole (+3,7%). Au niveau des métaux précieux, l’or a montré une forte ascension en mars 2024 (+6,8%). Les fertilisants tels que le phosphate ont également progressé de 5,8%, de même que certains métaux comme le zinc (+1,6%). Par contre, un recul a été relevé au niveau des prix des métaux et minéraux (uranium : -11,9%).
Les cours du cacao ont augmenté en raison d’une révision à la hausse du déficit mondial du produit prévu pour 2023/2024 par l’ICCO, atteignant 374.000 tonnes.
En outre, les arrivées de cacao dans les ports de la Côte d’Ivoire ont chuté de 29%, suscitant des inquiétudes quant à une offre limitée en provenance d’Afrique de l’Ouest. La hausse des cours des huiles de palme et de palmiste s’explique par une offre insuffisante et un optimisme quant à la demande pour ce produit. Cette progression est également portée par une anticipation d’une demande robuste à court terme, notamment en raison des stocks les plus bas en sept mois en février 2024.
Les prix du café sont en hausse, en raison d’un approvisionnement restreint sur le marché. Les agriculteurs et exportateurs vietnamiens retiennent une partie de leur récolte en attendant des prix plus élevés, ce qui réduit l’offre disponible. Par ailleurs, la crise du transport en mer Rouge entraîne des retards dans les expéditions vers l’Europe, amplifiant la pression sur l’offre. La progression des cours du caoutchouc provient de la pénurie croissante de l’offre mondiale. Cette tendance est soutenue par une hausse de la consommation mondiale. Le récent rapport du département américain de l’Agriculture (USDA) sur l’offre et la demande agricoles (Wasde) a relevé une diminution de la production et des stocks de coton aux États-Unis par rapport au mois précédent, justifiant ainsi la hausse des cours de ce produit. La hausse des cours du pétrole est attribuable à l’anticipation d’une offre plus limitée à l’avenir, d’autant que les investisseurs s’attendent à ce que l’alliance des producteurs de l’OPEP+ maintienne ses réductions de production actuelles. Cette tendance a été renforcée par la hausse de la demande en Chine, en lien avec l’évolution positive des indicateurs économiques et par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et en Ukraine, qui ont alimenté les craintes d’une réduction de l’offre mondiale de pétrole. L’or a gagné en valeur eu égard aux spéculations sur une baisse des taux d’intérêt, renforçant son attrait en tant que valeur refuge. Parallèlement, les anticipations de réduction des taux d’intérêt ont entraîné une baisse des rendements des obligations américaines, favorisant également le recours à l’or en tant qu’investissement. Le renchérissement du zinc est dû à la réduction de 20% de la production d’une fonderie en Corée du Sud, ce qui affecte l’offre sur le marché. En revanche, en ce qui concerne la baisse des cours de l’uranium, elle est due à l’anticipation par les grandes économies d’une demande soutenue, qui a encouragé les mines dans les régions montagneuses des États-Unis à relancer leurs activités. La perspective d’un accroissement potentiel de l’offre sur le marché a contribué à la baisse des prix de l’uranium. Par rapport à mars 2023, les prix des principaux produits exportés par les pays de l’Uemoa ont augmenté de 51,2%, après un accroissement de 33,9% le mois précédent. La hausse des cours concerne les produits agricoles (cacao : +173,4%, café : +55,5%, caoutchouc : +30,6%, coton : +15,2% et huiles végétales : +2,8%), les minéraux (uranium : +75,9%), les métaux précieux (or : +13,0%) et les fertilisants (phosphate : +1,9%). En revanche, les prix du gaz naturel (-29,3%), du zinc (-6,4%) et de la noix de cajou (-6,1%) se sont repliés. Les prix des principaux produits alimentaires importés dans l’Uemoa ont enregistré une décélération de 3,8% en mars 2024, en variation mensuelle, après une hausse de 2,8% un mois auparavant. Le recul concerne le blé (-7,1%), le riz (-5,3%) et le sucre (-3,4%). En revanche, les prix de l’huile de soja (+3,5%) et du lait (+1,3%) ont connu des augmentations. Les cours du blé baissent en raison d’une offre mondiale abondante, stimulée par les exportations accrues de l’Ukraine et des prévisions de récoltes record pour la saison 2023/2024 dans les zones de production, notamment en Australie, en Russie et en Argentine.
Les conditions météorologiques favorables en Amérique du Sud et aux États-Unis renforcent cette tendance à la baisse des cours. Le fléchissement des cours du riz est attribuable au pic de la récolte au Vietnam, entraînant une disponibilité accrue sur le marché et une pression à la baisse sur les prix. Le recul des prix du sucre s’explique par des récoltes qui s’annoncent meilleures que prévu en Inde et en Thaïlande. En revanche, les prix de l’huile de soja ont progressé en raison des attentes d’une offre plus faible, suite à la révision à la baisse des estimations de production par l’agence brésilienne des cultures, au regard de conditions météorologiques défavorables. Le renchérissement du lait est imputable à une demande internationale croissante pour les produits laitiers et à la pression accrue de la part des fournisseurs et des éleveurs européens qui réclament des augmentations de prix. Par rapport à la même période de l’année 2023, les prix des principaux produits alimentaires importés par les pays de l’Uemoa ont reculé de 4,6%, après une baisse de 3,9% le mois précédent. Cette tendance baissière a été imprimée par le repli des cours de l’huile de soja (-16,7%), du blé (-21,2%) et du lait (-9,1%). En revanche, les prix du sucre (+4,5%) et du riz (+1,7%) se sont renforcés. Exprimés en franc CFA, les prix des produits alimentaires importés par les pays de l’Uemoa ont fléchi de 4,3%, suite à la baisse des prix du blé (-22,3%), du lait (-10,5%) et des huiles (-3,7%). La hausse des cours du sucre (+2,3%) et du riz (+0,2%) a atténué la tendance.
Source : Bceao