Les banques centrales, à travers le monde, à l’exception de celles du Japon et de la Chine, continuent de resserrer leur politique monétaire pour faire face à la hausse persistante de l’inflation.
Aux États-Unis, la Réserve Fédérale (FED) a, le 2 novembre 2022, relevé de 0,75 point de pourcentage son taux directeur. Il s’agit de la quatrième forte hausse de cette ampleur depuis mai 2022. Cette décision porte le taux des Fed funds entre 3,75% et 4,00 %. Au Japon, la Banque centrale (BoJ) a, le 27 octobre 2022, maintenu inchangé son taux d’intérêt et sa politique monétaire. Le taux d’intérêt directeur de la BoJ a été maintenu à -0,1%. Les autorités de la BoJ ont assuré que ce taux demeurera à ce niveau ou à un niveau inférieur, à court et moyen termes. Par ailleurs, la Banque a, en tenant compte des effets de la pandémie de la Covid-19, révisé ses estimations. Pour l’exercice financier 2021, qui s’est achevé en mars 2022, la BoJ prévoit un taux d’inflation moyen de 0%, contrairement à une prévision précédente de 0,6%. Pour la même période, la BoJ s’attend à une croissance du Produit Intérieur Brut réel de 3,4% au lieu de 3,8%. En revanche, le taux d’inflation estimé pour l’exercice financier 2022 demeure inchangé à 0,9%, alors que le taux de croissance est estimé à 2,9%, au lieu de 2,7%. La Banque centrale européenne (BCE) a, le 27 octobre 2022, relevé ses taux directeurs de trois quarts de point, niveau de relèvement anticipé par les marchés.
Cette mesure amplifie le resserrement de la politique monétaire, qui vise à combattre l’inflation. Avec ce troisième relèvement important consécutif des taux directeurs, le Conseil des gouverneurs de la BCE a retiré une part substantielle du caractère accommodant de l’orientation de la politique monétaire. La BCE prévoit de continuer à relever les taux d’intérêt directeurs, pour assurer le retour au plus tôt de l’inflation vers l’objectif de 2% à moyen terme.
La Banque du Canada a, le 26 octobre 2022, relevé son taux directeur de 50 points de base pour le faire passer à 3,75%, et poursuit ainsi sa politique de resserrement quantitatif. En effet, l’inflation à travers le monde reste élevée et généralisée. Cela s’explique par la vigueur de la reprise mondiale au sortir de la pandémie, la série de perturbations mondiales de l’approvisionnement et les prix élevés des produits de base, en particulier l’énergie, qui ont augmenté, en raison de l’attaque de l’Ukraine par la Russie. La force du dollar américain amplifie les pressions inflationnistes dans de nombreux pays. Les mesures de resserrement monétaire, prises pour maîtriser l’inflation, pèsent sur l’activité économique partout dans le monde. La Banque centrale turque (BCT) a, le 20 octobre 2022, procédé à une réduction de son taux d’intérêt de 150 points de base sur les rachats d’une semaine, à 10,50%. La Banque centrale indique que les attentes de croissance mondiale pour la période à venir continuent de baisser et que la récession devient de plus en plus inévitable. L’institution a souligné la possibilité pour la Turquie de réduire les effets négatifs des restrictions d’approvisionnement dans certains secteurs, en particulier, celui des aliments de base, grâce aux outils de solutions stratégiques qu’elle a développés, même si la tendance à la hausse des prix à la production et à la consommation se poursuit sur une échelle internationale. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre (BoE) a, le 3 novembre 2022, relevé son principal taux directeur de 0,75 point de pourcentage, à 3,00%.
Cette mesure est censée juguler l’inflation, qui a atteint 11,1%, en octobre 2022. Auparavant, la BoE a, le 10 octobre 2022, annoncé de nouvelles mesures pour assurer la stabilité des marchés britanniques, à quelques jours de l’expiration d’un programme de rachat de bons du Trésor à long terme. L’Institut monétaire avait, le 28 septembre 2022, lancé un programme de rachat de Bons du Trésor à long terme pouvant aller jusqu’à 65 milliards de livres, en vue de rassurer les acteurs des marchés, qui risquent une crise de liquidité, avec une menace de propagation aux conditions de crédit pour les ménages et entreprises du pays. Avant l’expiration de ce programme, la BoE se dit prête à augmenter la taille de ses rachats à 10 milliards de livres quotidiens, contre 5 milliards maximum auparavant. En outre, la BoE a annoncé qu’elle allait acheter des obligations d’Etat britanniques indexées sur l’inflation jusqu’à la fin de la semaine s’achevant le 14 octobre 2022. Cette nouvelle intervention est destinée à stabiliser le marché de la dette. La Reserve Bank of Australia (RBA) a, le 1 er novembre 2022, relevé son principal taux directeur d’un quart de point, à 2,85%, un plus haut niveau depuis neuf ans. Il s’agit de sa septième hausse de taux en sept mois. La RBA a, en révisant à la hausse ses prévisions d’inflation, affirmé que d’autres hausses de taux seront nécessaires. Pour rappel, l’institution avait surpris les marchés début octobre 2022 en se contentant de relever son taux de 25 points de base, une hausse moins importante qu’attendu, en invoquant la remontée significative opérée depuis mai 2022. La Banque centrale du Ghana (BoG) a, le 28 novembre 2022, relevé son principal taux directeur de 250 points de base, à 27,00%. Cette décision vise à faire face au niveau de l’inflation, qui a atteint 40,4% en octobre 2022, contre 37,5% le mois précédent, soit cinq fois le taux cible de 8% fixé par l’institution. Quant à la Banque Centrale du Nigeria (BCN), elle a fait passer son taux de prêt de référence de 15,50% à 16,50%. Depuis mai 2022, la BCN est passée d’une politique monétaire souple pour soutenir la faible croissance économique à une politique stricte après que l’inflation ait atteint son plus haut niveau depuis 2005. L’inflation annuelle s’est accélérée pour atteindre 21,1% en octobre 2022, sa neuvième hausse mensuelle consécutive, sous l’effet de la hausse des prix des denrées de base. La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a, le 26 septembre 2022, revu à la hausse deux de ses principaux taux directeurs, en vue de contenir les pressions inflationnistes, qui risqueraient de compromettre l’atteinte de l’objectif de stabilité monétaire. Ainsi, le taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) est passé de 4,00% à 4,50%, tandis que celui de la facilité de prêt marginal, de 5,75% à 6,25%. C’est la deuxième augmentation des taux depuis le début de l’année 2022. La BEAC a, le 18 novembre 2022, fait le bilan des réformes réalisées au cours des cinquante dernières années.
Les actions de la Banque centrale ont produit des résultats globalement satisfaisants, avec un taux de couverture extérieur de la monnaie significativement au-dessus du minimum statutaire de 20% (70,0% actuellement), des réserves de change représentant environ quatre mois d’importations des biens et services et de l’inflation maîtrisée.
Source : Bceao