Alors qu’elle est accusée d’irrégularités, le sort de Kristalina Georgieva reste en suspens ce lundi, après une nouvelle réunion des instances dirigeantes du Fonds. L’instance qui prêche la bonne gouvernance et prête de l’argent aux États dans le besoin se trouve dans l’œil du cyclone. Peut-on encore diriger le Fonds monétaire international (FMI) quand votre réputation et votre travail sont en jeu ?
C’est à cette question que ne parviennent pas à répondre les instances dirigeantes du FMI après une nouvelle réunion dimanche soir et à la veille de l’ouverture des réunions d’automne de l’institution. Le conseil d’administration du FMI, qui estime avoir fait « d’autres progrès significatifs » dans la compréhension de ce dossier, pourrait de nouveau se réunir ce lundi 11 octobre, selon deux sources proches du dossier, après une série de réunions cette semaine. Quand bien même la direction du FMI venait à lui renouveler sa confiance, la directrice générale, une Bulgare âgée de 68 ans, ressortirait affaiblie de cette affaire qui a éclaté avec la publication, le 16 septembre, des conclusions d’une enquête du cabinet d’avocats WilmerHale.
DES IRRÉGULARITÉS
Cette enquête a pointé des irrégularités dans la rédaction des éditions 2018 et 2020 du rapport « Doing Business » de la Banque mondiale. Ses auteurs ont accusé Kristalina Georgieva d’avoir fait pression sur ses équipes quand elle était directrice générale de la Banque mondiale pour que la Chine obtienne un classement plus favorable. Cette enquête a été menée à la demande du comité d’éthique de la Banque mondiale alors que ce rapport, qui classe les pays par rapport à leur facilité à faire des affaires, a fait l’objet de nombreuses polémiques et avait conduit à la démission de l’ancien chef économiste, Paul Romer. Le conseil d’administration du FMI a entendu tour à tour Mme Georgieva et les représentants du cabinet WilmerHale. Mais le sort de Kristalina Georgieva, qui nie farouchement les faits qui lui sont reprochés, divise les membres du FMI. D’une part, l’Europe et l’Afrique souhaitent son maintien. D’autre part, les États-Unis et le Japon sont pour l’heure réticents à la voir poursuivre ses fonctions, selon plusieurs sources proches du dossier. Six anciens responsables de la Banque mondiale, dans une déclaration publiée par une agence de relations publiques retenue par Kristalina Georgieva, l’avaient défendue récemment, la qualifiant de « personne de la plus grande intégrité et engagée en faveur du développement ».
LE SOUTIEN DE JOSEPH STIGLITZ
Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel et ancien chef économiste de la Banque mondiale, a qualifié de son côté les efforts pour la destituer de « coup d’État « et le rapport WilmerHale d’ » entreprise de démolissage », dans un article publié sur Project Syndicate, média en ligne d’opinions. Ses partisans mettent aussi en avant son bilan pendant la crise provoquée par la pandémie de Covid-19, la dirigeante ayant œuvré pour aider les pays les plus vulnérables. Mme Georgieva a pris la tête du Fonds le 1er octobre 2019 pour remplacer Christine Lagarde qui avait été nommée à la Banque centrale européenne. Elle était alors la seule candidate.
Source : Lepointfr