Dans sa dernière note mensuelle de conjoncture économique dans les pays de l’Uemoa à fin août 2020, parue le 15 décembre 2020, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), fait l’état des cours des matières premières. D’après ladite note, les cours des matières premières exportées par les pays de l’Union ont renforcé leur tendance haussière durant la période sous revue, sous l’effet de la reprise de la demande mondiale. De même, les cours des produits alimentaires importés ont augmenté. Les prix des principaux produits de base exportés par les pays de l’Union accusent un accroissement de 6,7%, après une réalisation de +2,2% en juillet 2020, du fait du regain de la demande mondiale. En effet, depuis mai 2020, l’activité industrielle a redémarré dans les principales économies du monde, avec l’assouplissement des mesures de restrictions dues au coronavirus. En particulier, en Chine, l’activité industrielle continue sur sa tendance haussière pour le cinquième mois consécutif en août 2020. Les hausses des prix concernent les produits non énergétiques (+6,9% après +1,8% en juillet 2020), accentuées par la poursuite du redressement des produits énergétiques (+5,2% contre +5,4% en juillet 2020). L’accroissement des cours des matières premières non énergétiques exportées par les pays de l’Union concerne l’ensemble des produits de base, à l’exception du l’uranium dont les cours continuent sur le profil baissier. Les hausses les plus importantes touchent les produits alimentaires (cacao:+11,7%, café : +7,9% et huiles : +6,5%), les métaux précieux (or : +6,8%) et les autres matières premières (caoutchouc : +7,3% et coton:+2,1%). Les prix du cacao sont soutenus par la baisse de l’offre et la hausse de la demande mondiale. En effet, les arrivages de fèves aux ports ivoiriens ont totalisé 2,1 millions de tonnes (Mt) entre le 13 septembre et le 1er octobre 2020, soit une baisse de 5,4% par rapport au niveau enregistré la même période de l’année dernière. En outre, au Nigeria, la production de cacao chuterait d’au moins 20% cette campagne 2020/2021, les mesures visant à freiner la propagation de la Covid-19 et le temps plus sec augmentant les chances d’une mauvaise récolte. Enfin, les incertitudes sociopolitiques en Côte d’Ivoire, avec la tenue des élections en octobre 2020, qui entraveraient l’approvisionnement des marchés, ont induit des achats anticipés de nombreux broyeurs en Europe et aux États-Unis. Les prix du café maintiennent leur progression au cours de la période sous revue, en lien avec la reprise de la demande mondiale, dans un contexte d’incertitude concernant la production de robusta en Asie où la campagne actuelle tire à sa fin. En outre, les difficultés persistantes au niveau des récoltes dans certains pays d’Amérique Centrale, dont le Costa Rica et le niveau de production pour 2020 au Brésil inférieur aux prévisions annoncées par les exportateurs et les traders accentuent la tendance. Les cours des huiles progressent, en lien avec la baisse des stocks dans certains pays asiatiques comme la Malaisie, ainsi que de la production en l’Indonésie et en Malaisie. Le regain de tensions diplomatiques entre les États-Unis et la Chine, les incertitudes liées à la crise sanitaire et la faiblesse du billet vert ont favorisé les cours de l’or. L’envolée des prix du caoutchouc est liée à une demande plus élevée de la Chine, du fait de la reprise du marché automobile, ainsi que de la mise en œuvre de l’accord commercial sino-américain, avec l’engagement du respect de la première phase. Les inquiétudes concernant le resserrement de l’offre de la Thaïlande, en raison d’une pénurie de main-d’œuvre suite à la pandémie de la Covid19, ont accentué la tendance. Les cours du coton augmentent, en raison notamment de la chute du dollar, du regain de la demande chinoise et des mauvaises perspectives de récoltes. La production de coton serait impactée par les conditions météorologiques défavorables et le recul des surfaces emblavées dans les principales régions de production. Le maintien du profil haussier des prix de l’énergie est imputable au pétrole. Les cours du pétrole ont été portés par l’optimisme lié aux recherches sur la Covid-19, le passage de l’ouragan Laura qui a occasionné de coupures de production massives dans le Golfe du Mexique, l’espoir d’une plus forte demande de la Chine, premier importateur mondial, et aux États-Unis, ainsi que les perspectives de la baisse de la production des pays membres de l’OPEP+, avec le volume record produit de mai à juillet 2020. En revanche, les cours de l’uranium continuent d’être impactés par la limitation de la demande iranienne, du fait du dépassement de stock autorisé, ainsi que de la baisse de la production de l’électricité nucléaire en France, dans un contexte de reprise de la production d’uranium au Niger.
Source : Bceao