Les autorités ivoiriennes ambitionnent, à l’horizon 2030, de transformer toute la production locale de la noix de cajou avant toute exportation. L’annonce a été faite le lundi 8 janvier 2024 par le ministre d’État, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières, M. Kouassi Kobenan Adjoumani, à l’occasion de l’inauguration de l’usine de transformation de Afcott Cashew Sarl, installée à une vingtaine de kilomètres de Yamoussoukro.
Malgré son rang de 1er pays producteur mondial de noix de cajou, 1er pays exportateur et 3e transformateur au plan mondial, puis 1er transformateur africain, la Côte d’Ivoire peine toujours à tirer plus de dividendes de cet important produit de rente qui représente à lui seul entre 8 et 9% du Pib, après celui du binôme café-cacao ( avec une contribution au Pib à hauteur de 15%). Le seul argument utilisé jusque-là par les ministères techniques dont dépend la filière pour justifier la faible rentabilité de la filière dans l’économie nationale est essentiellement dû au faible taux de transformation avant l’exportation. Selon des données récentes présentées par le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, du Développement durable et des Productions vivrières, la production annuelle de noix brutes de cajou a plus que doublé en une décennie, passant de 400 000 tonnes en 2011 à 1 028 172 en 2022. Bien que le pays compte parmi les grands acteurs de cette filière, mais il ne transforme à peine que 34% de sa production nationale. A en croire, le ministre d’État, M. Kouassi Kobenan Adjoumani, malgré la présence d’une trentaine d’unités de transformation, près de 80% de la production nationale de la noix de cajou est exportée. Ce qui constitue des pertes énormes pour l’économie ivoirienne. Alors que c’est un des secteurs qui pouvait être porteur en termes de création de richesses, d’emplois, de réduction de la pauvreté et de plus-value pour l’économie si toute la production subissait une transformation avant l’exportation.
Pour booster la transformation locale des productions agricoles, des initiatives ont été entreprises. On note pêle-mêle, l’institutionnalisation du Salon international des Équipements et des Technologies de Transformation de l’Anacarde (Sietta) ; la mise en place des zones agroindustrielles dédiées à la transformation du cajou financées par le projet de Promotion de la Compétitivité de la chaine de valeur de l’Anacarde ; la mise en place de mécanisme de soutien à l’approvisionnement des transformateurs locaux en noix brutes ; l’appui à l’installation des unités de décorticage de noix à petite échelle au sein de sociétés coopératives de producteurs.
Nonobstant ces initiatives, la transformation de 50% de la production nationale de la noix de cajou est loin de l’objectif. À preuve, la trentaine d’unités existantes absorbe à peine le ¼ de la production nationale, estimée à 1 028 172 en 2022. Ces unités n’ont qu’une capacité de transformation que de 350 000. Au regard de ce fort taux d’exportation, le ministre d’État reste convaincu que la transformation locale reste seule solution à pouvoir donner de la valeur-ajoutée cette filière qui doit compter beaucoup pour l’économie nationale dans les années à venir. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il exhorte les investisseurs nationaux et internationaux à emboiter le pas à Afcott Cashew Sarl, une entreprise de transformation de la noix de cajou, installée à une vingtaine de kilomètres de Yamoussoukro. D’une capacité de 50,000 tonnes, cette unité de transformation offre 1000 emplois directs et impacte pour plus de 10 000 personnes. Pour la première année (2024), l’entreprise ambitionne de transformer 18 000 tonnes de noix de cajou ; 30 000 tonnes en 2025 et 40 000 tonnes en 2026, avant d’atteindre sa phase de croisière en 2027 avec les 50 000 tonnes de production de noix de cajou.