Alors que les conséquences désastreuses de la COVID-19 se font toujours sentir, la Banque mondiale publie aujourd’hui (Ndlr : 24 octobre 2022) un nouveau rapport qui propose des solutions concrètes pour mettre fin à l’engrenage d’épidémies dévastatrices.
Depuis 1980, la fréquence des flambées de maladies infectieuses émergentes (MIE) augmente au rythme annuel moyen de 6,7 % et, depuis 2000, on recense plusieurs centaines d’épidémies par an. Cette évolution est due en grande partie à l’extension de l’action humaine sur l’environnement, qui modifie les habitats naturels et accélère la transmission d’agents pathogènes des animaux à l’homme.
Quelque 75 % des MIE et la quasi-totalité des pandémies connues sont dues à l’augmentation des contacts entre l’animal et l’être humain, et sont responsables chaque année de plus d’un milliard d’infections et d’un million de décès. Cette situation, associée à la circulation croissante des biens et des personnes dans le monde, témoigne de la facilité avec laquelle les MIE se propagent et de leur volatilité.
Le rapport Putting Pandemics Behind Us:Investing in One Health to Reduce Risks of Emerging Infectious Diseases encourage les décideurs, les gouvernements et la communauté internationale à investir dans la prévention des pandémies, contrairement à l’approche habituelle qui tend à privilégier les mesures d’endiguement et de lutte après l’apparition d’une maladie. Selon le rapport, une prévention guidée par l’approche « Une seule santé », équilibrant et optimisant durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes, coûterait entre 10,3 et 11,5 milliards de dollars par an, contre environ 30,1 milliards pour la gestion des pandémies, selon les estimations récentes du groupe de travail conjoint du G20 sur les finances et la santé.
« Mieux vaut prévenir que guérir. La pandémie de COVID-19 a montré qu’un risque d’épidémie quelque part devient un risque de pandémie. L’argument économique en faveur de l’approche « Une seule santé » est solide : le coût de la prévention est extrêmement faible par rapport au coût de la gestion et de la riposte aux pandémies », assure Mari Pangestu, directrice générale de la Banque mondiale chargée des Politiques de développement et partenariats.
Le coût de la prévention ne représente qu’environ un tiers de celui de la préparation, et moins de 1 % de ce qu’a coûté la COVID-19 en 2020 sur le plan de l’économie (avec une contraction mondiale de 4,3 %, soit l’équivalent de 3 600 milliards de dollars de biens, services et autres produits perdus) et de la santé publique. En définitive, la prévention est un bien public mondial : aucun pays ne peut en être exclu et le nombre de pays qui peuvent en bénéficier n’est pas limité. Malheureusement, on constate un sous-investissement chronique dans la prévention et les pays doivent agir. En outre, le désintérêt pour la prévention découle du fait que, lorsqu’elle est efficace, ses bienfaits ne sont pas visibles en ce qu’ils ne donnent pas lieu à des situations de crise exigeant une intervention immédiate. L’approche « Une seule santé » est la démarche mondiale nécessaire pour rompre le cycle de la panique, de l’oubli et du sous-investissement.
Pour que cette approche puisse être mise en œuvre avec succès, il faudra améliorer la coordination, la communication et la collaboration entre les secteurs, et renforcer les capacités. Il faudra trouver des compromis entre les objectifs de développement et les objectifs sanitaires globaux, et répartir les coûts plus équitablement grâce à une coordination mondiale des politiques et des actions de financement.
Investir dans l’approche « Une seule santé » revient à investir dans l’avenir de l’humanité. Il s’agit d’un cadre holistique qui aide les États, les organisations internationales et les donateurs à orienter les ressources financières de manière à les optimiser et à prévenir les pandémies. Les actions menées au titre de cette approche pour prévenir les épidémies présentent un bon rapport coût-efficacité, avec un taux de rendement annuel estimé à 86 %. Il est temps de généraliser l’approche « Une seule santé », de sortir du cycle de la panique et de l’oubli et de mettre en pratique le précepte selon lequel mieux vaut prévenir que guérir.
Source : Banque mondiale